Voyager

Voyager, le meilleur moyen de faire des erreurs

L'erreur est, avec les phénomènes naturels, un des meilleurs moyens d'apprentissage pour l'homme.

J’ai lu pas mal de témoignages de backpackers évoquant ce qu’est pour eux le voyage, ce que ça leur apporte, les erreurs qu’ils ont pu faire avant et pendant, les joies qu’ils éprouvent, les aventures folles et à forte dose d’adrénaline, voire peur de mourir, les rencontres, les longs moments à vide, que ce soit pendant une marche dans un endroit désert ou pendant plusieurs jours de remise en question, l’adaptation à répétition, à chaque changement de situation ou il faut « recalibrer son cerveau » à chaque pays, à chaque population, à chaque personne même, par l’observation et la prise de tout ce qui peut nous servir dans notre volonté d’avancer là où nous sommes.

 

Je suis au début de mon voyage, et j’ai envie de me prêter à l’exercice de faire un micro bilan de ces vingt jours loin de mon chez moi.

 

Pourquoi micro ?

  1. parce que vingt jours c’est rien pour les six mois de voyage minimum que j’envisage.
    En écrivant cela je réalise que c’est tout de même onze pour cent. Damned
  2. aussi parce que ma première partie de voyage contient peu d’action et de rebondissements. *

* Et c’est là que j’ai tout faux !

 

Ceux qui ont lu mes articles savent certaines choses de mon début de voyage.

 

Ce voyage, je ne peux même pas dire quand j’ai pris la décision de le faire, mais je sais que ça date d’avant le mois de février. 2016 bien-sûr. Ce qui m’a laissé au moins huit mois de préparation, donc pour décider en gros des pays que je souhaitais visiter et des principaux sites à voir sur place, puis pour faire le listing de mes besoins matériels et acheter ce qui me manque. Huit mois suffisent amplement.

 

Ce sont huit mois pendant lesquels j’étais à cent pour cent confiant et sûr de moi pour ce voyage...

 

Ou plutôt sept ; le mois de septembre je n’étais même plus capable de mener des actions concrètes de façon organisée pour mener à bien mon départ, et je pensais toujours à la date du décollage, que je voyais se rapprocher de plus en plus vite.

 

Huit mois suffisent amplement, comme je l’ai dit, et pourtant je sais que je ne les ai pas bien mis à profit. Je n’éprouve aucun ressentiment envers moi en écrivant cela mais le fait est que je suis passé à travers plein d’épreuves que je ne souhaite pas revivre, et que je peux vous faire éviter en vous relatant ce qui s’est passé pour moi.

 

Au moment où j’écris ces lignes cela fait 6 jours que je squatte le même dortoir, dans le même hôtel, dans la même ville, Yangon, et ce car j’attends ma carte de crédit. Onze nuits dans le même hôtel, si je compte les premières que j’ai passées ici, où j’ai notamment attendu mon sac à dos qui n’avait pas atterri avec moi. Mais ceci est une autre histoire, chaque chose en son temps.

 

Il me fallait un compte me permettant de retirer et de payer, dans le monde entier si possible, à moindre frais. J’ai d’abord fait plusieurs recherches et deux tentatives non fructueuses :

 

  • Monabanq, pour laquelle le tarif réel m’a été annoncé qu’une fois mon compte pré-ouvert après maintes démarches, tarif étant largement au-dessus de celui annoncé en premier lieu et ne présentant aucun intérêt pour moi
  • Number26, une plate-forme allemande uniquement en ligne, permettant l’ouverture de compte et la mise à disposition d’une Mastercard, gratuitement. Le problème est qu’ils avaient trop de demandes et mettaient les demandeurs français en liste d’attente, celle-ci pouvant mener jusqu’à une ouverture début novembre seulement, selon un conseiller. Je vous conseille quand-même d’essayer si vous prévoyez un voyage qui n’est pas pour tout de suite, c’est la banque de rêve pour tout backpacker apparemment.

Je suis finalement allé à la Société Générale, pour ouvrir un compte et souscrire à l’option Jazz International. Je suis très content du service que j’ai pour le prix que je paye…

 

SAUF... que je n’ai pas ma carte bancaire sur moi, et que cela fait 11 jours que je l’attends. Plus précisément 11 jours qu’elle a été envoyée. Moi ça fait 19 jours que je l’attends, depuis mon départ quoi. Je pensais m’y prendre largement à l’avance en souscrivant le 15 septembre pour un départ le 3 octobre mais ce n’était pas le cas.

 

Il a fallu que la banque d’Albertville envoie la carte dans une agence de Paris pour que je la récupère, et à cause d’une erreur de communication de leur part, je n’étais pas au courant qu’elle était arrivée, le seul jour où je pouvais aller la chercher. On m’a dit clairement qu’elle n’était pas là alors qu’ils l’avaient bien reçue. C’était un vendredi, et la banque était fermée les samedi dimanche et lundi suivant. Je partais mardi et devais être à l’aéroport à 13:30.

 

Pas de problème, je n’avais cas y aller mardi matin. Sauf que dans la même semaine, mon autre carte de crédit décide de ne plus se laisser lire. Je pense qu’elle s’est démagnétisée. Je ne peux ni retirer ni rien payer, et je n’ai pas de cash. J’ai donc passé mon mardi matin à la banque populaire de Javel à faire organiser une mise à disposition de 300 euros depuis ma banque d’Ugine (Savoie) pour avoir un peu de cash en arrivant. Et ça prend réellement du temps.

 

Évidemment dans la matinée il fallait aussi que je refasse mon sac et que j’imprime des papiers que je voulais absolument avoir sur moi pendant le voyage : le questionnaire médical de mon assurance voyage et les photocopies de ma carte d’identité et de mon passeport.

 

Autant dire que je n’ai absolument pas pu passer à la société générale pour récupérer ma CB.

 

Arrivé à l’heure à l’aéroport, une autre galère me tombe dessus, une galère que j’aurais pu éviter tellement facilement ! Je n’avais pas mon visa en version papier, document nécessaire pour embarquer. Heureusement je l’avais en pdf sur mon portable, les dames du guichet d’enregistrement pour mon vol m’ont envoyé dans une autre partie du même hall de l’aéroport pour l’imprimer, j’avais 12 minutes top chrono. J’ai donc couru comme jamais je ne l’ai fait avec mes deux sacs sur moi en évitant les gens et les chariots qui se dressaient sur ma route. Évidemment les personnes qui pouvaient me l’imprimer avaient aussi du travail, d’autres clients en même temps, mais j’ai pu le faire, en dépassant sûrement un peu le délai, chose qui ne m’a pas empêché de prendre le vol. Ouf.

 

SAUF… (oui c'est le deuxième, c’est pour le côté mélodramatique)

 

Sauf que vu que le temps manquait, je crois que la personne qui était là au moment où j’ai posé mon sac sur le tapis a un peu fait n’importe quoi. Elle m’a confié un énorme sac plastique pour mettre mon backpack dedans, avec rien pour le fermer. J’ai donc mis à l’arrache mon sac dedans et ai posé le tout. Et j’ai vu mon sac partir. Sur le coup ça me paraissait plutôt normal, ou plutôt j’étais encore sous adrénaline et en même temps très soulagé de pouvoir embarquer, ce qui fait que je ne me suis pas posé plus de question que ça.

 

Donc mon sac était dans un sac plastique qui pouvait se barrer à tout moment, sans aucune étiquette d’identification, et il arrive vers les derniers, probablement plutôt isolé du reste des bagages de l’avion. Ça ne devrait pas expliquer que je ne le retrouve pas à l’arrivée, mais je suis sûr que la raison est quelque part dans cette suite d’actions chaotiques. Ce que je veux dire c’est que si j’étais arrivé une heure avant, avec mon visa imprimé, et 40 % de stress en moins, mon sac aurait été super bien emballé, j’aurais posé la question de son étiquetage, et il serait passé dans la masse, bien empaqueté et étiqueté.

 

Il faut que j’explique en quoi tout cela a été problématique par la suite.

 

Il se trouve que j’avais un briquet dans ce sac. Je ne pensais pas qu’en soute cela posait problème, mais c’est interdit. Je n’avais juste pas eu l’information, et rien au niveau de la zone d’enregistrement des bagages ne l’indique. Dans l’aéroport de Kunming l’info est partout. Merci la France !

 

Il se trouve aussi que j’avais un chargeur universel, qui m’a coûté 40 euros, qui est une merveille technologique par sa simplicité et sa polyvalence et qui était mon seul moyen de charger mon appareil photo, en me permettant de charger mon portable en même temps sans soucis.

 

Il se trouve, troisième et dernier point, que ces bât****, en enlevant le briquet du sac, en ont profité pour enlever mon chargeur, car pour eux c’était une powerbank, donc une batterie externe, alors que c’est bien un chargeur que l’on doit brancher au secteur et ça ne ressemble en rien à une powerbank.

 

Je ne sais toujours pas si le sac est resté bloqué à Paris, ou à Kunming. Ce que je sais, c’est qu’il n’était pas là dans la zone de réception des bagages de Kunming, mon escale avant Yangon, et qu’il a de toutes façons voyagé entre Paris et Kunming avec les deux objets contentieux. C’est d’autant plus irritant.

 

J’ai donc rempli le formulaire adapté et on m’a donné une adresse e-mail à peine déchiffrable pour me tenir au courant.

 

Trois jours après mon arrivée j’apprends par email qu’il est à Kunming, qu’ils doivent retirer le briquet contenu dedans et que je dois écrire une lettre manuscrite pour les y autoriser, que je leur envoie par mail. Ce que je fais. Pour l’instant il n’est pas question de chargeur.

 

Deux mails plus tard, le 8 octobre, mon sac va prendre le vol MU2031 pour Yangon, je dois aller le chercher à l’aéroport, ET ils m’ont aussi retiré deux powerbanks ! What ?!

  1. J’ai signé pour un briquet, je ne leur ai rien autorisé de plus.
  2.  Pourquoi ils l’ont pas mentionné quand ils m’ont fait chier avec mon briquet ?
  3. Je ne sais même pas ce qu’ils m’ont retiré : Le chargeur ça oui, mais pour moi il n’y a que ça qu’ils ont pu confondre avec une powerbank. Et cela montre déjà une bonne dose de connerie ! Le deuxième objet reste un mystère pour moi.
  4. Le petit doute que j’avais, à savoir si c’était bien mon sac qu’ils avaient, grandit énormément à tel point que j’envisage déjà de tout racheter. Bien-sûr j’avais déjà retrouvé toutes les factures qu’il me restaient de ce qu’il y avait dedans, afin de demander le remboursement à mon assurance voyage.

Retrouver mon sac est le premier gros soulagement de ce voyage, d’autant que les 2/3 de mon argent sont dedans, 200 euros sur les 300 que j’avais pu retirer.

 

Je peux enfin bouger de Yangon, et aller découvrir le reste de la Birmanie. Évidemment, n’ayant pas encore de carte bleue, je pense sans cesse à mes dépenses, et il est très difficile de vraiment profiter du voyage quand on est confronté à des dilemmes tout le temps.

 

À cause de mon budget je dois me restreindre, et après être allé à Bagan, à Kalaw où je n’ai fait qu’être malade, et au Lac Inle, je suis obligé de rentrer à Yangon, à court d’argent. Je me fais d’ailleurs payer le taxi car il m’est impossible de rejoindre l’hôtel autrement, et je reste un jour et demi sans une tune, à me faire payer des repas par mes voisins de dortoir qui me voient totalement dénué.

 

Heureusement il y a Western Union, et j’ai pu récupérer de quoi vivre bien grâce à un virement, où il suffisait ensuite d’aller chercher l’argent dans une des nombreuses banques affiliées W.U. présentes ici.

 

Toujours est-il que ce début de voyage n'est en rien comme je l'imaginais, même si j'ai de plus en plus cette impression que tout cela est une réponse à mes actes précédant les départ, et que quelque part je m'attendais à galérer. Plus l'échéance approchait et plus je faisais des choses futiles en m'accrochant à l'idée d'un départ parfait.

 

Là, maintenant, j’en ai un touuuut petit peu raz-le-bol de dormir dans le même dortoir, de croiser les mêmes personnes, de déambuler dans la même ville en me forçant à aller un peu plus loin de temps en temps pour découvrir une nouvelle rue. Enfin ce n’est pas si terrible, mais à l’heure qu’il est je pourrais avoir vu cinq, six, sept destinations différentes en Birmanie, et vécu un nombre incalculable d’aventures, de rencontres, de changements, d’aventures, si je n’avais pas à attendre.

 

Évidemment pourquoi avoir des attentes lorsque l’on voyage ? Le meilleur moyen d’apprécier un voyage est de vivre au jour le jour, sans attendre quelque chose justement, et de vivre chaque chose juste pour ce qu’elle est. Une galère c’est une galère, le seul moyen d’en sortir c’est d’agir et pas de s’en plaindre.

 

C’est toujours applicable, mais cela peut être plus ou moins facile selon la façon dont on s’y prend, et il est surtout nécessaire de bien s’organiser AVANT de partir. Longtemps AVANT.

 


 

 

 

Voici donc ce qu’il est très facile de faire, et qui m’aurait permis d’être le roi des voyageurs si j’avais pris conscience de tout ça correctement :

  • Dés que vous envisagez de voyager, créez un compte bancaire adapté. Ça ne coûte rien de le faire à l’avance, enfin 9 euros par mois pour le mien, et 0 si vous allez à Number26. En tout cas une fois qu’il est fait et que vous avez votre carte de crédit et vos identifiants de connexion pour tenir votre compte via votre smartphone, il n’y a plus qu’à mettre de l’argent dessus, à votre rythme, et penser à prendre sa carte bleue le jour du départ. Je dirais que c’est vraiment la première chose à faire.
  • La seconde chose pourrait être de réserver le billet d’avion, encore que la différence est de moins importante maintenant quand on le réserve longtemps à l’avance, et il faut être sûr du pays et de la ville par laquelle on veut commencer. J’ai personnellement modifié mon vol, qui était initialement pour Mandalay, suite à la lecture d’une page du Lonely Planet conseillant un tour de la Birmanie commençant par Yangon. Cela m'a couté 140 euros.
  • Pensez  à ce dont vous aurez absolument besoin à l'arrivée, et achetez ce qui vous manque. Là encore il n'est pas nécessaire de s'encombrer énormément, on peut tout trouver partout où l'on va ! Quelques exemples d'objets qui servent beaucoup et que j'ai achetés avant de partir : Une petite montre toute simple, une boussole, je m'en suis beaucoup servi à Bagan pour m'orienter et aller d'une pagode à l'autre en e-bike, et une lampe frontale. Pas encore utilisée car pas encore fait de camping sauvage, mais nécessaire dans ce cas là. Pour ma part, sans vouloir faire de pub, c'est à Décathlon que j'ai trouvé mon bonheur.
  • Certains papiers sont nécessaires lors d'un voyage de ce type : Photocopies du passeport, photocopie de la carte d'identité, et vos papiers indiquant que vous avez une assurance voyage si vous en avez une, et bien évidemment le visa ! Imprimez ces papiers dès que vous pouvez et mettez les dans un lieu où vous serez sûrs de les prendre en faisant votre sac. N'attendez pas le jour du départ comme moi
  • Soyez sûr de maîtriser le sujet quand vous prenez une décision qui coûte de l’argent. Et en même temps dites-vous qu’un voyage doit avoir une part d’imprévu. Je dirais que plus cette part est grande, plus le voyage sera riche en expérience. Ne soyez pas tatillons dans la recherche des lieux que vous souhaitez voir. Je l’ai été, et tout le temps que j’ai mis à repérer des lieux qui pourraient me plaire, c’est du temps où j’aurais pu me poser, et veiller à avoir tout ce qu’il faut pour être vraiment libre une fois sur place.
  • Gardez en tête que même si vous faites tout de votre mieux, les merdes arrivent. La vie suit son court, et la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Dans la vie on croise des gens qui ne savent pas enregistrer un sac correctement alors que c’est leur boulot, des gens qui s’ennuient tellement à leur taf qu’ils inventent des objets dangereux pour avoir le plaisir d’ouvrir le sac d’un inconnu et de voler quelque chose dedans. Et je ne suis qu’au début du voyage, tous mes problèmes sont d’ordre matériel et administratif, c’est juste (extrêmement?) chiant. À côté de ça je suis en bonne santé, et c’est probablement le point le plus important, prendre soin de soi ! Je partagerai d'ailleurs dans un prochain article le contenu de ma ‘trousse à pharmacie’, qui pour moi est assez complète bien que minimaliste, et qui m’a bien servie jusqu’à maintenant.
  • Enfin, soyez acteur de votre voyage. Si vous voyagez seul, personne d’autre que vous ne fait ce voyage, c’est vous qui l’apprécierez pour tout ce qu’il est et ce qu’il peut vous apporter. Ce sont vos choix et vos décisions seulement qui feront de celui-ci l’expérience que vous voulez vivre, qui feront de vous votre meilleur compagnon de voyage, et qui définiront ce que vous êtes.

 

J’ai personnellement fait le choix d’attendre ici au lieu d’explorer d’autres lieux en attendant que ma CB arrive à l’hôtel, je n’arrive pas à prendre une autre décision et je me dis que c’est peut-être la chose la plus saine pour moi actuellement (je ne me l’explique pas). Du coup je profite de ce séjour pour me reposer, prendre des forces en me nourrissant sainement et en bonne quantité, éditer des photos et écrire sur mon blog.

 

Bonne lecture, bonne journée, bisous bisous

 

Pierre

 

Cheveux au vent sur le Lac Inle
Cheveux au vent sur le Lac Inle

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Commentaires: 2
  • #1

    Mum'in (lundi, 24 octobre 2016 22:29)

    J'apprécie tes réflexions et conseils. Parfois il nous arrive des aventures, des imprévus qui malgré tous leurs côtés agaçants nous font avancer. J'espère que tout cela te permettra de profiter encore mieux du jour présent, sans regrets, sans amertume. En effet, vivre au mieux le présent dans sa simplicité aide à se sentir à la bonne place au bon moment et réciproquement. Ainsi, derrière l'apparence pas toujours idyllique, nous pouvons voir, percevoir de belles choses, embellir le monde juste en lui souriant. "Souris à la vie, elle te sourira !" ;) Bisous,

  • #2

    plantier (mardi, 25 octobre 2016 18:59)

    "et il est surtout nécessaire de bien s’organiser AVANT de partir. Longtemps AVANT." Nos modes de pensée se rapprochent lentement mais sûrement. Bisous !