India

L'Inde m'a rendu Gaga. Gaga d'elle et de la vie.

Cachemire, vingt jours de 'captivité volontaire', puis retour à l'action : Delhi - Jaipur - Agra - Varanasi.

Pas besoin de plus. J'aurais voulu et je veux encore la visiter toute entière, tellement je m'y sens bien. Bien dans le chaos naturel qui s'y trouve. La vie suit son court comme elle peut là-bas, et c'est tout. Pas comme elle pourrait, juste comme elle peut.

Jaipur - Un ancien palais de Maharaja
Jaipur - Un ancien palais de Maharaja
City Palace Museum - Jaipur
City Palace Museum - Jaipur
Hawa Mahal - Palais des Vents - Ainsi nommé car il permettait aux dames du harem royal d'observer la vie quotidienne dans la rue sans être vues
Hawa Mahal - Palais des Vents - Ainsi nommé car il permettait aux dames du harem royal d'observer la vie quotidienne dans la rue sans être vues
Relax - Sur le chemin du temple des Singes
Relax - Sur le chemin du temple des Singes
Vue de Jaipur - Chemin du temple des Singes
Vue de Jaipur - Chemin du temple des Singes
Ecureuil Jaipuri
Ecureuil Jaipuri
Gueule de bois ?
Gueule de bois ?
Le nourrisseur
Le nourrisseur
Agra - Taj Mahal
Agra - Taj Mahal
Varanasi - Gange & lumières de la nuit
Varanasi - Gange & lumières de la nuit
Se délecter (latin delectare)
Se délecter (latin delectare)
Bain quotidien
Bain quotidien
Molécules au crépuscule
Molécules au crépuscule
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P'tit grain de Cosmos

J'aime l'eau. Je suis poisson, ça tombe bien.

J'aime l'eau car je vois en sa dynamique le même schéma que celui de mes émotions au fil du temps.

Rivière à Naranag - Cachemire
Rivière à Naranag - Cachemire

Longtemps j'ai été un fleuve. Mes émotions m’affleuraient, rapidement, en passant toutes à la suite des autres voire en même temps, en grande quantité, ce qui les rendait difficiles à saisir, ou ne serait-ce qu'à voir. Le courant qui m'animait alors me contenait. Je pouvais vivre à son rythme car je m'y étais habitué.

Toutefois je pressentais que je n'étais pas prêt à me verser dans l'océan, et devais donc chercher le seul moyen de m'y préparer. Aller dans le seule direction qui s'offrait logiquement à moi : à contre-courant. Ce fleuve je l'ai donc remonté. Première réaction : panique. Pour la première fois je voyais le contenu. Ces choses-là, d'abord, je ne les ai pas comprises. Puis bientôt je pu les apprivoiser. Je pu y voir plus clair dans le tumulte de mes eaux troubles.

Peu-à-peu des issues se dessinaient. Ces issues n'étaient autres que des rivières, qui venaient là m'alimenter.

Je suis devenu l'une d'elle, d'abord, puis j'en ai vu d'autres.

La rivière contient moins d'eau. Elle montre donc malgré elle ou à son avantage tout ce qu'elle a en elle. Le courant y est parfois doux, voire quasi-nul, parfois intense, voire tumultueux.

L'eau y est limpide, ou boueuse, en tout cas bien plus proche de sa nature originelle qu'elle ne l'était dans le fleuve. En devenant rivière je me découvre. Je me surprends, j'apprends à m'aimer, et que je peux me détester. J'apprends à être heureux, bienveillant, calme, généreux, beau et aimant, puis je découvre que ma vraie nature fait fi de tout cela. Je ne peux que suivre mon lit, tracé par la nature pour la nature, par le temps pour un certain temps, celui qui donne à l'eau ses trajectoires.

Érosion par l'eau qui creuse la Terre là où la Terre se creuse. Par définition le chaos est ce qui la créé.

La rivière est longue. Elle me prend du temps, de l'énergie aussi. Je dois remonter des cascades, me heurte à des rochers. Me fraye des chemins dans les glaces de l'hiver. Sur mon parcours je croise un nombre inouï de poissons. Eux aussi semblent concentrer leurs efforts à atteindre une destination dont eux-seuls connaissent le secret. Mais ça je ne le vois que dans mes zones calmes. Là ou le courant s'arrête et laisse place à une grande réserve d'eau limpide et fraîche où il fait bon se baigner.

Autrement, dans l'agitation permanente, je les aperçois juste.

Alors, magnifique créatures qu'elles sont, elles deviennent dans mon esprit de simples animaux qui, d'une façon ou d'une autre, encombrent mon chemin.

Pourtant je retombe toujours sur une grande étendue d'eau claire où je peux me reposer, et à chaque fois, là, je vois des nouveaux poissons ; je pense alors à ceux que j'ai croisés, et je vois uniquement de magnifiques créatures.

Quelque-part, remonter le chemin qu'ils ont descendu m'aide à mieux les percevoir. Mieux les connaitre et mieux me connaitre. Je peux les comprendre, voir leur beauté, et les pourquoi de leurs traits.

J'ai probablement changé maintes fois de rivières. Parfois je l'ai su. J'ai soudain senti que mon environnement changeait, et avec lui tout ce que je traversais revêtait une forme différente, nouvelle.

Maintenant j'en suis là. J'ai parcouru tout ça. Une grande partie, et rien en même temps.

Ce qu'il me reste... Le seul moyen de savoir est d'aller à la source.

La rivière d'aujourd'hui se rapproche du ruisseau.

L'écoulement se fait fluide, qui plus est régulier.

L'énergie concentrée, particules solidaires.

Si solidaires que leurs consciences, reliées ne font qu'une.

Ainsi l'eau sait où elle va.

Avec la Terre, elle apprend, à se frayer un chemin.

Par les cailloux elle devine les rochers.

En haut, dans le froid, elle descend et sait qu'elle devra remonter.

À la source, pure, elle est juste vie.

Elle est aussi conscience.

Celle-là même qui s'entretient, circule, se partage, se dégrade, se renouvelle.

L'eau d'en-haut

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India Baby

Comme un poisson dans l'eau

J'arrive à Delhi alors que trois jours avant, pendant une soirée à Pai autour d'un feu de camp, à célébrer l'anniversaire d'une amie de voyage rencontrée au Laos il y a quelques mois et retrouvée ici, à notre plus grande surprise partagée, une de ses amies m’avertit de l'étrangeté des habitants de l'Inde. Impossible de leur faire confiance pour elle, beaucoup d'entre eux essayant de profiter de la situation.

Surpris par cette révélation, j'ai tout-de-même confiance en son jugement, me dis qu'il doit y avoir une part de vrai et fais profil bas en débarquant de l'aéroport.

Aéroport où je perds toute ma patience voire mon excitation d'être arrivé en Inde, suite à l'attente interminable aux guichets de la douane, deux ouverts sur une dizaine, et un lecteur d'empreintes digitales au succès assez limité. Ça et le doute concernant la garantie de mon Visa, doute appuyé par le militaire à qui j'ai affaire, qui m'apprend que mon adresse n'est pas valide. Je met finalement celle de mon hôtel et peux enfin sortir de ce hall de l'enfer.

Mon sac est bien là, j'échange mes bahts restant en roupies et me fais indiquer mon chemin pour aller au 'vieux' Delhi.

Je n'ai qu'un métro à prendre et tout se déroule au mieux. Enfin relax et confiant, je me sens drôlement à l'aise. L'impression d'être à nouveau proche de chez moi.

En sortant de la station de métro je ne connais pas encore l'itinéraire pour aller à mon hôtel et m'apprête à sortir mon portable quand un chauffeur d'autorickshaw s'approche de moi. Je lui montre donc mon hôtel et il m'indique directement la direction pour y aller à pieds. C'est à dix minutes. Une passerelle permettant de traverser une bonne douzaine de chemins de fer et d'arriver du côté de la vieille ville. C'est en effet la bonne direction et il aurait pu me facturer un bon trajet.

Honnêteté +1

Je passe devant la ruelle de l'hôtel sans voir sa petite pancarte, et me fais interpeller par un homme qui me demande "Which hotel are you looking for?" | "King hostel." | "I work there, follow me."

Chance +1

Ayant réservé deux nuits, je pars finalement le lendemain matin pour un séjour au Cachemire, loin de l'agitation de la ville. Le propriétaire de l'hôtel a trouvé les bons mots pour me convaincre et a réussi à me vendre un séjour tout compris, vol inclus, récupération à l'aéroport par le gérant du 'Home stay' où je réside actuellement. Tout étudié, ce séjour est d'un excellent rapport qualité-prix. Je sors de mon budget de backpacker, mais je l'assume ! Ici je ne suis plus un backpacker mais un client bichonné au milieu des montagnes du Cachemire. De toutes façons, je rentrerai en France les poches vides ou presque, et me concentrer sur mon budget maintenant serait uniquement du masochisme. J'ai remarqué au fil de mes destinations ô combien est infiniment plus agréable le fait de voyager sans réfléchir à l'argent plutôt que de me tourner vers mon portefeuille et commencer à convertir, compter, comparer, penser, paniquer, etc, à la moindre évocation d'un service payant.

Le matin, avant que mon taxi (inclus) m'amène prendre mon vol, Abdul (le gérant) m'offre un masala dosa en petit-déjeuner, je ne lui dois pas d'argent, il est heureux de me l'offrir et me le fais savoir. Je me régale.

Honnêteté +1

Générosité +1

Le vol est le plus agréable que j'ai pris durant tout mon voyage en Asie :

premièrement car il passe au-dessus des montagnes de l'Himalaya et que la vue est à se tailler les sourcils.
Et j'insiste pour que l'expression soit mise au Larousse de 2018.

deuxièmement car le repas est bon ! Chose plutôt incroyable pour une compagnie aérienne.

À l'arrivée, un simple formulaire à remplir et je suis dehors, au grand air. Mon contact arrive sans se faire attendre et me fait monter dans sa voiture.

Et me voilà chez lui, chez Imtiyaz, Imy Home Stay, depuis quinze jours. Quinze jours que je n'ai absolument pas vu passer. Plus exactement quinze jours dont trois dans un autre lieu, à Naranag, plus au nord. Un village traversé par une rivière, orné de neuf temples, posé dans les montagnes, au calme envoutant.

Ce que je pensais être un gros trekking de trois jours, à la Tintin, s'est avéré être un séjour dans un home-stay minimaliste, avec des balades ne dépassant pas quatre heures pour la plus longue. Pour cela, je ne pouvais en vouloir qu'à moi-même, je n'ai simplement pas posé les bonnes questions lors de la réservation auprès d'Imy, et j'avais mon idée fixe de ce que ce serait, il n'y avait donc pas de raison que ce soit différent !

C'était finalement tout autre chose, bien plus calme que ce que j'imaginais et je pense avoir passé autant de temps à manger qu'à marcher, mais je ne regrette rien ! Naranag est un très beau village et la nature qui l'entoure est celle que je recherchais !

Le Cachemire est une région à part. Ce n'est probablement pas la seule vue l'immensité de l'Inde. Mais c'est celle dans laquelle je me suis retrouvé et je me délecte de la spécificité dont elle fait preuve et de la sensibilité de ses habitants. Je m'en nourris, je pourrais m'y fondre.

Le home-stay se trouve à Srinagar, capitale de l’État du Jammu-et-Cachemire. Ville posée sur le Dal-lake, sa superficie est quasiment trois fois celle de Paris et sa densité de population quatre fois inférieure. Ce qui donne des grands espaces, une nature assez bien représentée de parts-et-d'autres de la ville et une richesse humaine préservée.

Plusieurs lacs font partie de l'agglomération de Srinagar, ainsi que la rivière Jhelum, cette forte présence d'eau relativement préservée participe pour beaucoup à son charme. Une multitude de House-boats sont posés sur la rivière Jhelum dans l'attente de touristes indiens et internationaux.

Ici la vie est simple, les cuisines sont petites et quasiment vides, la Cuisine pourtant divine.

Des personnes qui vivent avec très peu fabriquent des objets d'art proches de la perfection, châle, papier mâché, tapis, etc.

Les journées sont ponctuées d'appels à la prière qui ensembles forment une belle cacophonie résonnant dans la vallée, parfois agrémentés de bruits d'oiseaux.

J'aime ce lieu et ses habitants plus que toutes les précédentes destinations où je me suis rendu. Cela n'est peut-être pas correct, idéal, saint, catholique ou politiquement correct ; préférer des groupes de personnes à d'autres pourrait être assimilé à du simple racisme, où est la limite après tout ? Le summum serait d'aimer de façon universelle et uniforme mais l'on sait tous que c'est impossible. De la même façon que l'on sait tous dans quel monde on vit. Ben oui on sait, on connait bien notre Planète. Ha ha. Non.

Tout ça pour dire qu'on ne sait rien, que rien n'est impossible. Je ne dirais pas que tout est possible, je ne serais pas capable de tenir un débat là-dessus si l'on me cherche. Mais je peux dire qu'on a à peine entamé le champ des possibles, puisqu'il est infini, et que cette prise de conscience est un tremplin vers une autre vie !

En route pour de nouvelles aventures !


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Allah

Comment je suis devenu Musulman

 

Petit, j’ai été initié au Christianisme sans jamais accrocher à cette religion et à toutes ses pratiques, que je voyais comme des corvées, voire pire, des supplices.

Une corvée est souvent une tâche concrète, dont on peut observer le résultat par la suite. Là je ne voyais aucun résultat. On nous disait de demander à Dieu ce qu’on voulait dans notre vie, de la même façon qu’on nous apprend à faire la liste au papa Noël.

Je n’ai pas tardé à douter fortement de l’efficacité de cette religion ! (sic)

 

Vinrent ensuite certains phénomènes dans ma vie, que j’associai à l’Univers, à l’intelligence de la vie. Principalement des preuves de liens entre le corps et l’esprit, de possibilités d’autoguérison, des grandeurs dont je n’avais pas idée avant, d’un infini bien concret, qui au niveau des particules me fait revoir le Monde en terme de champs, donc en accordant bien moins d’importances à la notion de solide, de vide, liquide et autres ‘ides’.

Lors d’un stage dans un monastère Bouddhiste, je pris connaissance de la coproduction conditionnée, dont je comprends bien mieux le sens avec son homologue anglais, Dependant origination, et pratītyasamutpāda en sanskrit.

En gros, tout est interdépendant. Ce ‘tout’ est un vrai ‘tout’. Un tout infini, qui a sa place sur Terre, donc dans notre Cosmos. Je ne ferai donc pas la liste de ce qu’il englobe, j’ajouterai juste que tous les phénomènes passés, présents, futurs en font partie, et que ces phénomènes peuvent être objets physiques, éléments, sensations, perceptions, pensée, conscience, etc.

 

J’ai depuis lors fait un certain cheminement dans mon raisonnement, puis je suis arrivé à Srinagar au Cachemire.

Ici 95 % de la population prient Allah chaque jour. Chaque jour, on entend les Adhans, appels à la prière, qui résonnent dans la plaine en se cognant contre les montagnes, formant plusieurs échos entremêlés, surréaliste.

Ici, on sait exactement à qui et à quoi l’on fait référence lorsque l’on prie. Et cette présence d’esprit, cette conscience, englobe chaque fait et geste de la vie, belle et simple, d’un Cachemiri.

 

Après avoir d’abord constaté, observé, j’ai voulu tâter. Voir de près, observer. Ressentir.

Je me suis donc renseigné auprès de mon hôte (je suis dans un Home stay, c’est à dire que je vis avec une famille), j’ai posé beaucoup de questions, eu beaucoup de réponses. Celle qui m’a fait accrocher : Allah était également un fervent méditateur. Bien-sûr cela n’est pas le seul élément qui m’a amené à prier en son nom. Ça m’a juste permis d’orienter mes questions et de me rendre compte de ma proximité avec chaque valeur qu’il avait en lui et a voulu faire grandir.

 

Ce fût lors de la visualisation du Dr Zakir Naik, et après avoir assisté à plusieurs prières avec mes hôtes, que j'ai vraiment émis le souhait de me convertir.

 

Ce qu’il me faut ajouter, ce que j’ai perçu et qui m’a ouvert la porte à cette croyance, c’est que c’est le propre de l’homme de devoir croire en un Dieu, un prophète, un transmetteur de paix, d’amour et d’une bonne parole, afin de rester dans sa ligne de conduite. Afin de ne pas sombrer dans les méandres de l’infini dont je parlais tout à l’heure.

Cet infini, notre dépendance au Cosmos, c’est toujours le viseur à travers je vois le Monde. J’ai juste changé mon optique, afin de pouvoir toujours garder en ligne de mire un sujet. C’est ce sujet là qui a attiré mon attention, car là où je suis, j’ai appris des choses qui font sens.

Quant aux autres, ils ont également tout mon respect.

 

Je terminerai par un bref rappel de ce qui m'a mené là. Je suis né le 20 février 1991. Ce qui fait de moi un poisson. Or d'après une Russe-estonienne que j'ai rencontré en Thaïlande, c'est bien à mon âge que les poissons commencent réellement leur vie.

Quoi de mieux donc, qu'un bon poisson d'avril en ce premier avril 2017 ?

J'espère que vous avez trouvé celui-ci de bon thon

BISOUS

 

 

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Hop-là

Il s'en est passé des choses depuis mon road-trip au Vietnam. D'ailleurs quand j'y repense ça me parait très loin alors que ça ne fait qu'un mois que je suis reparti d'Hanoï. Aujourd'hui, je suis en Inde depuis quinze jours et me sens comme un poisson dans l'eau. Poisson dont les aventures seront l'objet de l'article suivant. En attendant voici le résumé de la saison précédente :

Pai Canyon - Thaïlande
Pai Canyon - Thaïlande

Pour faire court, je suis retourné en Thaïlande pour méditer un peu plus dans mon monastère préféré, Tam Wua Forest Monastery (facile vu que c'est le seul que je connais aujourd'hui) Me suis prélassé à Chiang Mai, qui était sur la route, puis dans une farmstay se trouvant à Chiang Dao, petite bourgade au nord de Chiang Mai, 'Rai Siwavej & Farmstay'. Endroit de rêve pour couples ou voyageurs particuliers cherchant répit particulier.

Depuis Chiang Dao, après un bus à vingt bahts pour retourner un peu plus au sud, entre Chiang Dao et Chiang Mai, là ou commence la route de Pai, qui est également celle menant au monastère, je fais du stop et suis pris par trois moines dans un pick-up de luxe. Ils étaient supposés se rendre à une cascade avant Pai, probablement pour se baigner, et ont finalement décidé de m'amener jusqu'au bout, soit plus d'une centaine de kilomètres ajoutés à leur itinéraire de base, et tout le temps que cela induit, sans compter le retour.

J'arrive donc en milieu d'après-midi plein de bonne humeur et d'une immense gratitude. Je suis de retour !

Pour décrire ma seconde expérience au monastère, il me faudrait écrire un livre. Or, livre or not livre is not the question now.

Je ne vois pas l’intérêt de le faire ici car ce que ça m'a apporté est bien trop personnel et complexe pour l'expliquer en quelques lignes, mais je peux à nouveau, au risque de me répéter, dire que la méditation a quelque-chose de magique.

Du moins de profondément salvateur. Car, et je citerai un grand philosophe contemporain :

Rien n'est magique, rien n'est dû, rien n'est ésotérique.

J'ajouterais que, sans aucun doute, méditer peut soigner un bien grand nombre de maux lorsque l'on s'y consacre vraiment, et que le jeûne en complément d'une méditation régulière en intensifie les effets.

Nouveauté pour moi, j'ai jeûné pendant les quatre premiers jours de ce second séjour au monastère et m'en suis senti changé. Jeûner, méditer, prendre soin de moi, et ne rien faire d'autre, c'est probablement la meilleure chose que j'ai offerte à mon corps, et/donc à mon esprit depuis ma première tétée !

Je me suis ressenti d'une façon nouvelle, avec à la fois une sensibilité nettement accrue, si ce n'est décuplée, et une légèreté entourant chaque zone mon corps. L'expérience en était presque déstabilisante, et m'a surtout apporté un nouvel élan qui se prolonge encore, et encore...

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Road-trip - Volume II

Suite et fin

1 - Hoi An - Hué

De Hoi An, la route du nord passe par Da Nang. L’intérêt est limité à ce niveau là, par la ville, peut-être une des plus grises, bétonnées et sans âme du Vietnam. Mais pour que cela puisse rendre ma matinée désagréable, il manquait quelques éléments : Un défaut de démarrage sur ma moto a fait l’affaire, avec lui plein de vibrations nouvelles, de parts et d’autres de la structure ; assez pour que je me prépare mentalement à devoir la laisser au bord du chemin et continuer par d’autres moyens, puis la chaîne qui se décroche au milieu de ce fameux feu. Je mets peut-être une heure à faire dix pour cent du trajet, mais le reste se passe assez bien et j’arrive assez tôt pour visiter une bonne partie de la ville, sans le moindre enthousiasme, je pense encore à la moto qui me fatigue. Le soir je m’incruste à la table d’une adorable dame de soixante trois ans qui visite un nombre incroyable de pays dans toutes les régions du Monde. Dans la discussion, voyant à quel point je suis exténué et concerné par cette problématique, elle me convainc de rester un peu plus que prévu pour faire checker ma moto par un bon garagiste et me reposer.

 Je fais faire quelques réparations, visite la citadelle d’Hué, qui après avoir été en grande partie détruite lors de la guerre, a été plus ou moins bien restaurée. L’ensemble est un embrouillamini de ruines, de bâtiments aux techniques de construction bien trop basiques et modernes pour sembler authentiques, et de terrains vagues. La vidéo de reconstitution des lieux en 3D est sympa et montre l’ampleur de la cité avant sa dégradation.

2 - Hué - Phong Nha

Phong Nha est située à proximité d’un parc national, détenant plusieurs records du monde en matière de cavernes. La longueur totale du réseau de cavernes et de grottes est estimée à cent vingt-six kilomètres. Accompagné d’une Canadienne et d’un Anglais, je me suis rendu dans deux grottes différentes.

Paradise Cave

Après une bonne ascension d’un nombre incalculable de marches, nous sommes face à l’entrée. L’aperçu que l’on a alors nous aide à réaliser l’immensité du lieu. J’ai l’impression de rentrer dans une cathédrale naturelle, par en haut. Un escalier permet de descendre, puis la visite se fait par une passerelle construite tout le long. À chaque mètre parcouru je me retiens de sortir du chemin et d’aller explorer à ma façon. La grandeur est partout, les stalac-tites et -mites sont magnifiques et se rejoignent parfois. Une partie de la grotte me fait clairement penser à un décor de film. Une allée, relativement droite, avec un bon vingt mètres de ‘hauteur de plafond’, et autant en largeur. On pourrait y faire passer une armée de mûmakil sans aucun problème.

La visite me plaît, le seul point noir étant le cadre touristique qui empêche d’apprécier pleinement l’abîme dans lequel nous sommes. Je rêvais de me retrouver au même endroit sans personne et de méditer pendant des heures.

Dark Cave

Dark Cave est le lieu le plus touristique du parc. La grotte n’est pas éclairée, et on y rentre muni de lampes, après une zip-line de quatre cent mètres de long. La visite est cadrée et en groupe. À la queue-leu-leu, nous découvrons tous avec la même euphorie ce décor étonnant, une rivière dans une grotte. Puis, des pieds dans l’eau, nous passons aux pieds dans la boue. Puis c’est au tour des jambes, et de la taille. Bain de boue dans une grotte : Checked ! Et je le referai si j’en ai l’occasion ! On peut s’étendre et flotter très facilement, c’est un pur bonheur. Dark Cave est plus cher que les autres sites, et c’est plus pour l’activité et l’encadrement que pour la grandeur des grottes, mais je le recommande clairement à ceux qui veulent s’amuser un peu.

3 - Phong Nha - Ninh Binh

Trois cent quatre-vingt-sept kilomètres. Je pars en priant pour la santé de ma moto. Les prières sont exaucées, exceptée un deuxième et dernier arrachement de la chaîne, ne provocant rien d’autre en moi que le réflexe de m’arrêter et de courir la récupérer devant le camion qui allait probablement l’écraser. Ce qui n’aurait pas été gênant ; je demande cette fois une neuve au gars qui m’a sauté dessus depuis le café où il se prélassait pour m’amener chez un garagiste, qui n’était autre que lui-même, et qui pour je ne sais quelle raison a réussi à me bisquer en se foutant ouvertement de ma gueule avec ses camarades. Même avec cette petite difficulté, je reste dans mon timing et arrive à Ninh Binh avant la nuit. La ville est bof, mais le marché à côté du Fleuve rouge est top !

Les montagnes à côté de Ninh Binh sont surnommées « la Baie d’Halong terrestre ». Le paysage y est apparemment similaire, la mer en moins.

Je décide de louer un vélo pour ma première journée. Le vélo est un excellent moyen de découvrir les paysages autour de Ninh Binh. On voit bien plus de choses qu’en moto, et on prend bien plus le temps de les apprécier. Je me laisse guider par mon instinct et arrive à ce qui semble être un lieu touristique. Comme beaucoup d’endroits au Vietnam, il faut garer le vélo à un endroit spécifique et payer un gars pour qu’il ‘surveille’ les vélos. Ici c’est 3000 VND, soit vingt centimes. Je ne me sens pas trop berné, et la visite du lieu est gratuite ! Après recherche, il s’agissait de Bich Dong Pagoda. Un escalier mène à ce qui semble être un petit lieu de culte, sans trop d’intérêt, mais je vois que l’on peut monter bien plus haut par les rochers, chemin que personne d’autre ne semble voir ou souhaiter prendre, alors que la vue d’en haut est magnifique. Une bonne entrée en matière.

Je pédale le reste de la journée dans les petits chemins entourés de rizières, et passe notamment sur une grande route bordées par des vendeuses de cadavres de biches. Une table, avec le tronc et la tête de la biche posé dessus, la tête maintenue bien-sûr par une fourche en bois pour donner plus envie. Selon les stands la proportion de biche restante n’est pas la même. Les plus chanceux ont déjà tous vendu et n’ont plus qu’une tête posée sur leur table. Miam.

Mon deuxième jour je le passe au parc national de Cuc Phuong. Les frais d’entrée sont de soixante-mille VND, et on peut parcourir les vingt kilomètres de route en moto, avec des grottes et des arbres millénaires à voir tout le long, et des chemins de randonnée permettant des boucles vraiment sympa au bout de la route. Au départ de cette route, si l’on prend un petit chemin sur la gauche, on finit par tomber sur une tour d’observation. Le spot parfait pour apprécier une vue à 360° des montagnes.

Une première grotte, la « prehistoric man cave », permet une exploration assez sympa avec entre autres une échelle un peu cachée permettant d’accéder au ‘deuxième étage’ de la grotte, et de redescendre par les rochers pour les plus aventureux. J’aime ce manque de cadre et d’interdictions dans certains lieux touristiques du Vietnam.

La deuxième que j’ai visitée se trouve le long de la boucle que l’on peut faire à pied, en bout de parcours. « Palace cave » Elle a en effet tout d’un palace, avec ses nombreuses galeries cachées ou difficilement accessibles et les grandes différences de taille entre chaque ‘salle’. Passionnant.

Mon séjour à Ninh Binh se termine avec des Français qui font leurs études à Hanoï et une voyageuse qu’ils viennent de rencontrer. Je partirai avec eux à Hanoï, ma destination finale.

La vue vers la fin du trajet, pas trop moche n'est-ce pas ?
La vue vers la fin du trajet, pas trop moche n'est-ce pas ?

 

4 - Ninh Binh - Hanoï

C’est agréable de faire la route accompagné. Le rythme est posé, nous avons tout le temps et il y a seulement quatre-vingt-dix kilomètres à parcourir. En début de parcours nous faisons une halte à Van Long. Balade en bateau sur le fleuve, puis dans une grotte étroite avec juste assez de hauteur pour pouvoir se cogner la tête en visant bien. L’expérience est sublime, car absence quasi-totale de touristes. Un seul autre bateau part en même temps que nous et nous en croisons peut-être trois sur tout le parcours. C’est autre chose que les excursions similaires proposées à Ninh Binh ! Je conseillerais de ne faire que celle-ci, dont le rapport prix/qualité-authenticité-calme-beauté m’a l’air infiniment mieux qu’à Ninh Binh. (aux dires de mes compagnons français ayant vécu l’expérience la veille). Pour l’anecdote ultra-pertinente, King Kong II a été tourné dans ce lieu.

Hanoï - HANOÏ

Nous y sommes. Je suis au terminus de mon road-trip et heureux d’être arrivé. Sur trois jours, je découvre progressivement plusieurs facettes de la ville. D’abord le vieux centre, sa belle cathédrale et les ruelles avoisinantes pleines de vie, de bouffe, de café et de folie. Une soirée sur les quais du lac Hoàn Kiêm, Hô Hoàn Kiêm signifiant « Lac de l’épée restituée ». La légende veut que l’empereur du Dai Viêt (1428 – 1433) ait reçu d’un pêcheur une épée trouvée dans le lac, et qu’une tortue dorée la lui réclame dix ans plus tard, après qu’il ait pu chasser les Chinois de son territoire. Il comprend alors que cette épée était un don du ciel.

Le deuxième jour, c’est en moto que nous parcourons la ville et le pont Long Biên, anciennement pont Paul Doumer, construit dans le style Eiffel, à l’époque de l’Indochine française par l’entreprise Daydé & Pillé. La rapidité de sa construction était une prouesse pour l’époque, et il a à peu près résisté aux bombardements, qui ont tout-de-même abîmé sa structure sans le détruire.

La vérité c’est que l’ouvrage est impressionnant et donne des vues sympa !

Le troisième jour est très chill, il faut encaisser la boisson de la veille. C’est l’occasion d’aller nager dans la piscine d’un hôtel, très agréable et très très peu fréquentée ! Puis de monter au soixante-septième étage de la tour Lotte, seconde plus grande du pays avec deux cent soixante-douze mètres de haut. Une vue à couper le souffle, dans une nuit noire teintée de blanc trouble, la pollution.

 

Grâce à mes compagnons de route, résidant eux-mêmes à Hanoï, j’ai pu voir toute la beauté de la ville sans chercher à le faire. Hanoï est un concentré de Vietnam, et elle reste mon étape favorite de ce pays.

C'est en avion que je m'en éloignerai.

Ma moto ? Elle appartient maintenant à l’heureux gérant du parking de l’aéroport, en guise de paiement dudit parking.

Conduire au Vietnam

☰ Leçon & Bilan n°2 ☰

  • Être patient , surtout lorsque l'on conduit en ville à certaines heures de la journée. Il est possible de rester coincé à un croisement pendant une bonne demi heure quand les motos, voitures et camions qui y passent sont tellement serrés que plus rien ne bouge.
  • Conduire en groupe nécessite beaucoup plus de concentration que tout seul lorsqu'il y a du trafic. C'est logique, mais c'est bien d'y penser, que l'on soit derrière ou devant on peut faire ce qu'il faut pour minimiser le risque de collision lors de chaque mouvement.
  • Ne vraiment pas hésiter. Y aller à la Vietnamienne, c'est-à-dire chacun pour soi, en toutes responsabilités.
  • Observer. Attentivement. Tout ! C'est peut-être le plus basique des conseils mais c'est ce qui permet d'éviter de se trouver dans des situations à risque. Savoir qui est devant nous et si on est vus par eux.

Ces 'leçons' sont peut-être anecdotiques, car chacun découvrira à sa manière les règles qui régissent la circulation au Vietnam, et parce que l'on apprend sur le tas. Je pourrais probablement en rajouter par rapport à ce que j'ai vécu ici, et ce que j'ai écrit là est loin d'être exhaustif.

 

Le mieux c'est de le vivre ! Mon road-trip au Vietnam était la meilleure façon de voyager pour moi et je le conseille à tous les motards chevronnés ou amateurs en manque de voyage !

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