Inle Lake and back to Yangon

Nouveau départ

Je me réveille de ma nuit réparatrice, le corps et le cœur légers. Je me sens bien, et prend des forces avec deux cannettes de jus de canne à sucre, pour recommencer à me nourrir tout en douceur, mon système digestif ayant été mené à rude épreuve la veille, et un peu les jours d’avant.

 

Je rempaquette consciencieusement mes affaires, et me dirige, à 12:30, vers la gare. Assis sur un banc je me trouve à devoir faire la discussion avec une dame qui a un moignon au bras droit, et qui me montre sa jambe gauche, en métal. Elle m’avait déjà abordé la veille quand je suis allé aux renseignements, et le sourire d’empathie que j’ai laissé échapper a du lui mettre du baume au cœur.

 

Je ne comprends qu’un mot sur vingt de ce qu’elle me dit, mais capte qu’elle s’est faite, entre autres, couper la main par un professeur / instituteur quand elle était enfant. J’aimerais couper court, cela ne mènera à rien de toutes façons. Je lui donne un peu d’argent et me lève pour me retrouver seul.

 

En revenant vers ma place, une fois la dame partie, une Chinoise qui a l’air jeune comme moi me demande où je vais. Lac Inle, tout pareil !

 

 


Nous ferons le trajet ensemble, et je passerai mes trois jours au lac Inle avec elle. Grâce à son expérience de voyageuse, elle a la subtilité de demander le moins cher au gars qui vend les billets de train. Nous économiserons 1000 kyats chacun (ça compte pour moi, vu ce qu’il me reste sur le moment!), mais surtout, le trajet est bien plus intéressant dans ce wagon ! Il est difficile d’expliquer en quoi ce trajet était magique, mais il l’était pour moi. Les bancs sont en bois, on ressent chaque mouvement du wagon, et il faut retenir le corps tout en se laissant porter. Le voyage en lui-même est une action. Ça tangue, parfois doucement, puis, d’un coup, le corps se balance de cinquante centimètres de chaque côté.

 

Appuyé sur la paroi à ma gauche, j’ai le visage à dix centimètres de l’ouverture béante faisant office de fenêtre et je hume l’air, qui tout le long est riche de toute la végétation présente.

 

Je me surprends à vouloir photographier chaque personne que je vois, elles sont belles, je n’ose pas trop.

 

Nous arrivons à Shwenyaung. Je dépense encore trois mille kyats, et dix dollars de frais d’entrée, auxquels cette fois je n’échapperais pas, pour le trajet jusqu’à Nyaungshwe, la ville de départ du tour du lac, et donc celle de notre hôtel. C’est seize mille kyats que je n’avais pas prévu qui s’ajoutent à mon budget, et je me rend compte que je n’aurai pas assez compte-tenu de mon obligation de rentrer à Yangon.

 

Lu Lu, ma fidèle acolyte, me propose, tout naturellement, de m’en prêter cinquante mille. (Kyats, pas dollars !) C’est quarante dollars environ. Aussi gênant que cela puisse être, j’accepte en fin de journée, après mûre réflexion, à défaut d’avoir une autre solution. Je suis d’ailleurs intéressé si un de mes lecteurs connaît un moyen de faire un transfert sur un compte en Chine, voire sans passer par une banque. Entre parenthèse je ne suis même pas sûr d’avoir sa bonne adresse e-mail et donc de pouvoir rentrer en relation avec elle.

 

Riche de ce nouveau pécule, je peux en toute sérénité apprécier la singularité du lieu. Nyaungshwe est plus calme que tous les endroits où je suis passé avant, et j’apprécie beaucoup la vue sur le canal menant au lac, juste en face de l’hôtel.

 

Le lendemain nous partageons un bateau à deux, le ‘pilote’ est très sympathique et nous emmène aux lieux que nous avons choisis avec lui. Dans l’ordre :

 

  • Une fabrique de tissu où l'on tisse du fil de fleurs de lotus du lac et du coton. C’est d’ailleurs impressionnant de voir la facilité avec laquelle cette dame fabrique de la ficelle, juste en cassant les tiges de lotus et en entortillant les filaments contenus dedans, ensemble, à la suite. Sur place on trouve beaucoup d'articles intéressants à très bons prix.
  • Une fabrique de bijoux en argent et pierres de Birmanie
  • Une fabrique de cigares et cigarettes traditionnelles, avec thé d'accueil et 'dégustation' de cigarette pour ceux qui le veulent.
  • Le ‘Jumping Cats Monastery’

 

Et enfin, le dernier arrêt, à ma demande : Un endroit pour se baigner. Plonger dans le lac depuis le bateau, après plusieurs heures sous un soleil bien tapant. Mmmmh ! Bon dans mon crawl pour rattraper le bateau, je sentais les plantes me caresser les bras à chacun de mes mouvements, mais sur le moment nager est magique.

 

C’est très peu profond (deux mètres environ) et tout le lac regorge de plantes de toutes sortes. Ça pousse tellement bien qu’ils ont même planté des jardins flottants, où chaque rangée est séparée par un espace dans lequel on peut passer avec une petite embarcation.

 

Outre les artisans présents sur le lac, on trouve aussi plusieurs villages, et la circulation en bateau se fait un peu comme sur terre, avec des canaux similaires à des rues, bordés de cultures et longés parfois par des câbles électriques.

 

Le lac est devenu très touristique, et tout est bien rodé. J’espère juste que toute cette activité ne nuira pas trop à sa préservation, et à celle des ethnies vivant dans les villages sur pilotis.

 

Autrement, Nyaung Shwe est une ville très simple où l’on peut trouver quelques magasins d’alimentation, et un petit marché tout en longueur avec toutes sortes d’articles.

 

L’offre en restaurants est assez conséquente pour la taille de la ville. Nous avons préféré suivre les recommandations du Lonely Planet et avons mangé deux fois au même tellement celui-ci est agréable. Je ne peux que le recommander, et tant pi pour ceux où je ne suis pas allé. On y trouve une carte variée, typique et il est très aisé de manger végétarien. Il s'agit du Linn Htet Myanmar Food.

 

Ce qui s’en suit : mon retour à Yangon en douze heures de bus, un taxi payé par des Birmans pour rejoindre le centre-ville à une trentaine de kilomètres de la gare routière, car j’avais assez d’argent pour un bus mais il n’y en avait plus ! Une journée sans argent à ne pas savoir quoi faire, et une autre (hier) où grâce à mes chers parents j’ai récupéré une somme qui suffira à combler toutes mes envies les plus folles.

 

Je suis maintenant le client le plus fidèle de mon hôtel, et n’ai plus qu’à attendre sagement non pas une, mais DEUX cartes bleues.

 

What else ?

 

[edit: Je viens d'en recevoir une sur les deux, merci dad & mum.]


Je ne peux pas faire un nouvel article sans insister sur la gentillesse des personnes que je rencontre. Leur bonté est palpable. Chaque jour que je passe ici est un rappel que l'humain est foncièrement bon.

Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    Anne (mardi, 18 octobre 2016 17:32)

    Ravie de savoir que les petits détails s'arrangent !

    Merci encore une fois pour ta façon d'écrire, qui retransmet si bien ton optimisme, ta bienveillance et ton ouverture aux autres. Je crois que ce sont eux qui rendent toutes tes rencontres aussi positives :)
    Je te souhaite encore plein de belles rencontres et de découvertes !

  • #2

    Pierre (mardi, 18 octobre 2016 18:10)

    Merci ;)

  • #3

    Mum'in (mardi, 18 octobre 2016 22:38)

    Je me réjouis également de voir que tout s'arrange !
    Merci pour ces beaux récits et ces magnifiques photos !
    Bonne route pour la suite !