India Baby

Comme un poisson dans l'eau

J'arrive à Delhi alors que trois jours avant, pendant une soirée à Pai autour d'un feu de camp, à célébrer l'anniversaire d'une amie de voyage rencontrée au Laos il y a quelques mois et retrouvée ici, à notre plus grande surprise partagée, une de ses amies m’avertit de l'étrangeté des habitants de l'Inde. Impossible de leur faire confiance pour elle, beaucoup d'entre eux essayant de profiter de la situation.

Surpris par cette révélation, j'ai tout-de-même confiance en son jugement, me dis qu'il doit y avoir une part de vrai et fais profil bas en débarquant de l'aéroport.

Aéroport où je perds toute ma patience voire mon excitation d'être arrivé en Inde, suite à l'attente interminable aux guichets de la douane, deux ouverts sur une dizaine, et un lecteur d'empreintes digitales au succès assez limité. Ça et le doute concernant la garantie de mon Visa, doute appuyé par le militaire à qui j'ai affaire, qui m'apprend que mon adresse n'est pas valide. Je met finalement celle de mon hôtel et peux enfin sortir de ce hall de l'enfer.

Mon sac est bien là, j'échange mes bahts restant en roupies et me fais indiquer mon chemin pour aller au 'vieux' Delhi.

Je n'ai qu'un métro à prendre et tout se déroule au mieux. Enfin relax et confiant, je me sens drôlement à l'aise. L'impression d'être à nouveau proche de chez moi.

En sortant de la station de métro je ne connais pas encore l'itinéraire pour aller à mon hôtel et m'apprête à sortir mon portable quand un chauffeur d'autorickshaw s'approche de moi. Je lui montre donc mon hôtel et il m'indique directement la direction pour y aller à pieds. C'est à dix minutes. Une passerelle permettant de traverser une bonne douzaine de chemins de fer et d'arriver du côté de la vieille ville. C'est en effet la bonne direction et il aurait pu me facturer un bon trajet.

Honnêteté +1

Je passe devant la ruelle de l'hôtel sans voir sa petite pancarte, et me fais interpeller par un homme qui me demande "Which hotel are you looking for?" | "King hostel." | "I work there, follow me."

Chance +1

Ayant réservé deux nuits, je pars finalement le lendemain matin pour un séjour au Cachemire, loin de l'agitation de la ville. Le propriétaire de l'hôtel a trouvé les bons mots pour me convaincre et a réussi à me vendre un séjour tout compris, vol inclus, récupération à l'aéroport par le gérant du 'Home stay' où je réside actuellement. Tout étudié, ce séjour est d'un excellent rapport qualité-prix. Je sors de mon budget de backpacker, mais je l'assume ! Ici je ne suis plus un backpacker mais un client bichonné au milieu des montagnes du Cachemire. De toutes façons, je rentrerai en France les poches vides ou presque, et me concentrer sur mon budget maintenant serait uniquement du masochisme. J'ai remarqué au fil de mes destinations ô combien est infiniment plus agréable le fait de voyager sans réfléchir à l'argent plutôt que de me tourner vers mon portefeuille et commencer à convertir, compter, comparer, penser, paniquer, etc, à la moindre évocation d'un service payant.

Le matin, avant que mon taxi (inclus) m'amène prendre mon vol, Abdul (le gérant) m'offre un masala dosa en petit-déjeuner, je ne lui dois pas d'argent, il est heureux de me l'offrir et me le fais savoir. Je me régale.

Honnêteté +1

Générosité +1

Le vol est le plus agréable que j'ai pris durant tout mon voyage en Asie :

premièrement car il passe au-dessus des montagnes de l'Himalaya et que la vue est à se tailler les sourcils.
Et j'insiste pour que l'expression soit mise au Larousse de 2018.

deuxièmement car le repas est bon ! Chose plutôt incroyable pour une compagnie aérienne.

À l'arrivée, un simple formulaire à remplir et je suis dehors, au grand air. Mon contact arrive sans se faire attendre et me fait monter dans sa voiture.

Et me voilà chez lui, chez Imtiyaz, Imy Home Stay, depuis quinze jours. Quinze jours que je n'ai absolument pas vu passer. Plus exactement quinze jours dont trois dans un autre lieu, à Naranag, plus au nord. Un village traversé par une rivière, orné de neuf temples, posé dans les montagnes, au calme envoutant.

Ce que je pensais être un gros trekking de trois jours, à la Tintin, s'est avéré être un séjour dans un home-stay minimaliste, avec des balades ne dépassant pas quatre heures pour la plus longue. Pour cela, je ne pouvais en vouloir qu'à moi-même, je n'ai simplement pas posé les bonnes questions lors de la réservation auprès d'Imy, et j'avais mon idée fixe de ce que ce serait, il n'y avait donc pas de raison que ce soit différent !

C'était finalement tout autre chose, bien plus calme que ce que j'imaginais et je pense avoir passé autant de temps à manger qu'à marcher, mais je ne regrette rien ! Naranag est un très beau village et la nature qui l'entoure est celle que je recherchais !

Le Cachemire est une région à part. Ce n'est probablement pas la seule vue l'immensité de l'Inde. Mais c'est celle dans laquelle je me suis retrouvé et je me délecte de la spécificité dont elle fait preuve et de la sensibilité de ses habitants. Je m'en nourris, je pourrais m'y fondre.

Le home-stay se trouve à Srinagar, capitale de l’État du Jammu-et-Cachemire. Ville posée sur le Dal-lake, sa superficie est quasiment trois fois celle de Paris et sa densité de population quatre fois inférieure. Ce qui donne des grands espaces, une nature assez bien représentée de parts-et-d'autres de la ville et une richesse humaine préservée.

Plusieurs lacs font partie de l'agglomération de Srinagar, ainsi que la rivière Jhelum, cette forte présence d'eau relativement préservée participe pour beaucoup à son charme. Une multitude de House-boats sont posés sur la rivière Jhelum dans l'attente de touristes indiens et internationaux.

Ici la vie est simple, les cuisines sont petites et quasiment vides, la Cuisine pourtant divine.

Des personnes qui vivent avec très peu fabriquent des objets d'art proches de la perfection, châle, papier mâché, tapis, etc.

Les journées sont ponctuées d'appels à la prière qui ensembles forment une belle cacophonie résonnant dans la vallée, parfois agrémentés de bruits d'oiseaux.

J'aime ce lieu et ses habitants plus que toutes les précédentes destinations où je me suis rendu. Cela n'est peut-être pas correct, idéal, saint, catholique ou politiquement correct ; préférer des groupes de personnes à d'autres pourrait être assimilé à du simple racisme, où est la limite après tout ? Le summum serait d'aimer de façon universelle et uniforme mais l'on sait tous que c'est impossible. De la même façon que l'on sait tous dans quel monde on vit. Ben oui on sait, on connait bien notre Planète. Ha ha. Non.

Tout ça pour dire qu'on ne sait rien, que rien n'est impossible. Je ne dirais pas que tout est possible, je ne serais pas capable de tenir un débat là-dessus si l'on me cherche. Mais je peux dire qu'on a à peine entamé le champ des possibles, puisqu'il est infini, et que cette prise de conscience est un tremplin vers une autre vie !

En route pour de nouvelles aventures !


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Commentaires: 1
  • #1

    Anne (samedi, 01 avril 2017 18:52)

    Mais ! J'avais loupé 3 articles ! Comment est-ce possible ?
    Cet endroit a l'air vraiment magnifique et agréable à vivre... Tu le décris si bien...
    Bisous mon ptit Pierrot !